Successeur de David sur le trône d’Israël.
Quatrième fils de David, fils de Batchèva (Bethsabée), il est également nommé Yedidyah.
Salomon régna pendant quarante ans. Sacré roi d’Israël du vivant de son père, il est préféré à son frère aîné, Adonias, qui lui aussi prétendait au trône.
Après la disparition de David, Salomon, obéissant aux ultimes recommandations de son père, fait exécuter le chef des armées Joab, et condamne Eviathar, le prêtre, à l’exil.
Quant à Adonias, soupçonné de fomenter une révolte, il est éliminé. Salomon hérite d’un puissant royaume qui s’étend de Tiphsah, sur l’Euphrate, à l’est, au territoire philistin de Gaza, à l’ouest.
Le règne de Salomon est présenté par la Bible comme une ère de paix et de prospérité. Le royaume israélite bénéficie incontestablement, sur l’ensemble des terres situées à l’ouest de la Mésopotamie, de la relative faiblesse de l’Égypte et de l’Assyrie, principales puissances de la région.
Pour assurer la sécurité et la pérennité du royaume, il pratique une politique de mariage avec les filles des souverains de la région: Moab, Ammon, Sidon et Heth.
Le nombre de ses épouses et concubines atteint, respectivement, sept cents et trois cents.
Sa première femme est la fille du Pharaon, souverain d’Égypte. Le mariage est un révélateur significatif de la puissance et du prestige de Salomon: les mariages étrangers sont en effet rares dans la famille des souverains égyptiens. Salomon noue les liens les plus étroits avec Hiram, roi de Tyr ; ce dernier, roi bâtisseur, apporte une aide légendaire à la construction du temple de Jérusalem. En échange de blé, d’huile et de vin, Hiram fournit à Salomon le bois des cèdres et des cyprès du mont Liban, ainsi que de l’or.
En outre, il dépêche à Jérusalem artisans et gens de métier pour aider aux travaux de construction du Temple.
Salomon et Hiram coopèrent également sur mer: une flotte est construite qui a pour port d’attache Etsion-Gèver (Eilat), sur la mer Rouge; Salomon fournit les navires, Hiram les équipages. Tous les trois ans, les navires de la flotte quittent Etsion-Gèver et rapportent d’Ophir et Tarsis or, épices, argent, ivoire, singes, paons, etc. La visite de la reine de Saba s’inscrit dans cette politique de contrôle du commerce international, tel le commerce des épices et du bois de santal.
Afin de fondre en une nation unique ce qui n’était, depuis des siècles, qu’une confédération des tribus israélites, Salomon partage le pays en douze districts qui ne correspondent pas aux territoires assignés aux douze tribus.
A la tête de ces districts sont nommés douze gouverneurs permanents, au pouvoir très étendu en matière financière et économique. Ils seront pour la plupart membres de la famille royale. Chaque district se voit assigné la charge de subvenir, un mois par an, aux besoins de la fastueuse cour de Jérusalem. Une campagne de grands travaux est lancée dans tout le pays par Salomon, qui veut en particulier réaliser le rêve de David d’aménager une résidence royale et de construire un temple à Jérusalem. Salomon fut en effet un monarque bâtisseur. La construction du Temple proprement dit commença en la quatrième année de son Règne et dura sept ans, ainsi que Le palais du trône, où était dressé le trône royal sur lequel Salomon s’installait pour rendre la justice.
La construction de l’ensemble nécessita vingt années de travaux. Jérusalem fut dotée d’une enceinte fortifiée et s’étendit vers le nord.
En dehors de la capitale, Salomon construisit les places fortes de Liatsor, Megiddo et Gèzer, aux points stratégiques du pays. Il fonda également les cités de Beth Horon (villes haute et basse), Baalat et Tadmor, ainsi qu’un certain nombre de cités-entrepôts où conserver les vivres en prévision des années de mauvaises récoltes. Enfin, la création d’une puissante cavalerie l’amène à bâtir de vastes haras et écuries dans les places fortes. La politique de construction à outrance, aux charges de laquelle s’ajoutaient les dépenses somptuaires de la Cour, se traduisit par une augmentation excessive des impôts, ainsi que par l’introduction de la corvée sur une large échelle. A la fin du règne de Salomon, la révolte gronde. Le maître de corvées, dans les tribus d’Éphraim et de Manassé, Jéroboam, se fait le porte-parole des doléances du peuple, qu’il tente de soulever contre le roi. La révolte fait long feu, et Jéroboam doit fuir en Égypte.
Après la mort de Salomon, Jéroboam parvient en Israël, soulève, avec succès cette fois, le peuple contre le fils et successeur légitime de Salomon, Roboam.
Les maladresses de ce dernier, mal conseillé et inexpérimenté, lui aliènent les dix tribus du Nord, qui constituent le royaume du Nord, ou royaume d’Israël, et reconnaissent Jéroboam comme roi. La dynastie Davidique conserve Jérusalem et règne sur le royaume du Sud, ou royaume de Juda. Le schisme est consommé. La sagesse légendaire du roi Salomon, telle qu’en témoignent la Bible et la tradition orale, s’exprime en maints domaines.
En politique extérieure, Salomon sut construire et maintenir en paix un vaste empire, tandis que sa politique intérieure assurait au royaume une prospérité et une richesse uniques dans l’histoire d’Israël.
Au plan judiciaire, il se montra avisé.
La reine de Saba, venue lui poser des questions qui se voulaient difficiles ou embarrassantes, est éblouie et séduite par l’intelligence que révèlent les réponses du monarque. La sagesse de Salomon surpassait, nous dit la Bible, celle de tous les hommes de son temps, sagesse qui émanait d’une promesse divine reçue en rêve à la veille de son couronnement.
Il composait des proverbes et des hymnes, résolvait des énigmes, parlait la langue des animaux, des arbres, des oiseaux et des poissons.
Sa sagesse relevait de l’ensemble de la sagesse universelle, tout en la surpassant. En sus de sa sagesse, l’autorité royale de Salomon provenait de son statut de roi consacré, supervisant le culte, offrant lui-même des sacrifices, bénissant le peuple comme un prêtre, et prenant une part active à la dédicace du Temple, la sanctification de la cour et la célébration de la fête de Soukkot.
Le placement de l’arche d’Alliance au Temple marque également l’évolution d’un régime tribal en un système monarchique s’appuyant sur la sainteté. Les générations successives lui attribuent la paternité du Cantique des Cantiques, des Proverbes et de l’Ecclésiaste qui énumère les caractéristiques de la royauté. Salomon accéda au trône à l’âge de douze ans. Son nom hébraïque Chlomoh rappelle que la paix prévalut durant son règne. Les huit cents proverbes dont il serait l’auteur équivalent à trois mille car chaque verset peut être interprété de deux ou trois manières différentes. Salomon ,est considéré comme le prototype du rationaliste qui est inévitablement conduit au péché par son approche logique. Il devait percer le sens de chacun des préceptes divins et il y parvint jusqu’à ce qu’il se confronte aux lois de la vache rousse qu’il ne put pénétrer. Il finit par transgresser les lois bibliques en possédant trop de chevaux, en amassant de l’or et de l’argent et en épousant de surcroît plus des dix-huit épouses autorisées à un monarque tout en pensant que, grâce à sa sagesse, il ne pourrait être affecté par ses transgressions.
Ce qui amena D. à déclarer: « Comme tu as vécu, Salomon, et une centaine du même acabit disparaîtront avant qu’une seule lettre de la Torah ne soit effacée » et l’écriture rapporte qu’effectivement ses nombreuses épouses le « détournèrent vers d’autres dieux ». Les rabbins déclarèrent: « Il eut mieux valu que Salomon nettoie les égouts que d’avoir un tel verset écrit sur lui ».(Exode rabba 6,1) L’acte le plus important de Salomon fut la construction du Temple. L’édifice s’érigea miraculeusement, les énormes et lourdes pierres se mettant elles mêmes en place. Salomon fit creuser les pierres par le chamir, une sorte de ver qui peut fendre la roche. Grâce à la persévérance de Salomon, la construction du Temple ne prit que sept ans, soit la moitié du temps que prit l’érection du palais et bien que la magnificence du sanctuaire le surpassât.
Sous cet aspect, il dépassa son père, le roi David, qui se construisit d’abord sa maison, et ne pensa qu’ensuite au Tabernacle divin. C’est à cette œuvre méritoire qu’il dut de ne pas être compté par les sages parmi les rois impies, au nombre desquels ses péchés l’auraient à juste titre placé (Sanhedrin 104b). Le trône de Salomon était, d’après le Midrach, presque aussi beau que le Temple. Personne n’aurait pu construire une telle œuvre d’art, ni avant ni après lui. Il était entouré de joyaux et d’or et des animaux en gardaient l’abord. Ces animaux accompagnaient Salomon de marche en marche lorsqu’il montait sur le trône. Mais le trône ne resta pas longtemps la possession des Israélites. Durant la vie de Roboam, le fils de Salomon, il fut pris en Égypte par Chichaq, beau-père de Salomon, qui se l’appropria en guise d’indemnité pour le veuvage de sa fille. Le trône finit par être emporté à Babylone, puis en Grèce et il échoua à Rome. C’est en raison de ses péchés que Salomon perdit progressivement son trône, sa santé et même sa sagesse.
Au début, il régnait tant sur les êtres du monde supérieur que sur ceux de ce monde-ci, puis seulement sur ceux de la terre.
Plus tard, il ne régna plus que sur Israël avant de ne posséder que son lit et son sceptre.
Pour finir, il ne lui resta plus que le sceptre (Sanhedrin 20b). Pendant trois longues années, il erra comme un mendiant, de ville en ville, de pays en pays, pour expier ses fautes. C’est alors qu’il vagabondait, au temps de sa vieillesse, qu’il écrivit l’Ecclésiaste, disant partout où il se rendait: « Moi, Qohèlet, j’ai été roi sur Israël, à Jérusalem ». C’est lors de sa jeunesse qu’il rédigea le Cantique des Cantiques, et durant sa maturité les Proverbes.