Un pas accompagné de renoncements, de mille petits regrets, mais pas un instant de vrai regret. Dans la vie que je menais alors en France tout me semblait théâtre. Alors, théâtre pour théâtre, autant choisir le vrai.
Il fallait bien mettre fin un jour à cette vie de schizophrène: ouvrir chaque jour le journal pour chercher ce qui se passait au Moyen-Orient.
Mon coeur était en Israël. Maintenant mon corps a rejoint mon cœur.
La technologie israélienne est l’une des plus avancées du monde.
Son administration, qui ne l’a pas suivie, hélas, vit à un rythme méditerranéen.
J’ai rapidement découvert que comme nous, les Israéliens de longue date ont en horreur l’ administration.
Mais à nous, olim, les mille démarches que nous devons faire au début imposent une dose d’administration pas toujours facile à supporter!
Le contact avec la bureaucratie ? Frustrant, parfois. Rares, pourtant sont les olim qui n’aient à l’esprit l’exemple d’un fonctionnaire qui s’est démené pour eux bien au delà de ce que sa tâche lui imposait, qui les a surpris par son dévouement.
Qu’il est difficile de redevenir l’Hèbreu qui sommeillait en moi. Mais, à chaque étape, je sens que ça cadre, et cette sensation est inexprimable.
Avant mon départ mes parents avaient voulu me mettre en garde:
« Qu’est-ce que tu vas faire là-bas? Tu as tout [sic] ici. »
… Comment leur faire comprendre ce besoin de retrouver mon véritable moi à travers l’expérience de l’alyah ? Mais, en Israël, surprise:
Trop de fois entendu de la bouche des jeunes
– « Qu’est-ce que tu es venue faire? Pourquoi avoir abandonné une vie de confort?
… Comment leur expliquer le désir de laisser derrière soi une société abondante, mais gaspilleuse et bloquée, pour une vie ou les jours ne se ressemblent pas? La société israélienne?
Elle est habitée par une étrange impatience, une soif de réponses toutes faites et de projets immédiats. Elle rêve, elle agit sans tenir compte des limites du réel C’est peut-ètre là sa force. Vivre en Israël! Vivre au rythme de notre calendrier me fait oublier les tracas du début.
Une fête est à peine achevée que l’on prépare la suivante. Souccoth succède à Rosh-Hashana, Hanouca à Souccoth, Pessah à Pourim.. Le peuple d’israël vit de temps en temps des moments épiques qui ne sont donnés à aucun autre peuple.
L’arrivée des parachutistes au Mur en 67, la libération des otages d’Antebbe, l’apparition de Sadate à la porte de son avion, l’arrivée de Chtcharanski… Scènes inoubliables qui donnent à ceux qui résident dans ce pays le sentiment de vivre l’histoire en marche et d’y participer.